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Page:Duplessis - Aventures mexicaines, 1860.djvu/47

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Cette impudence, je le confesse, me causa une telle admiration que je restai sans répondre.

— Eh bien ! me demanda mon hôte que mon silence inquiétait, car il commençait à craindre d’avoir commis une fâcheuse méprise.

— Eh bien ? répondis-je, je n’avais nullement chargé le seigneur Salazar, ici présent, de venir chercher ma valise, et je ne comprends rien à son excès de complaisance.

Ma déclaration, prévue par tous ceux qui assistaient à cette scène, n’en produisit pas moins son effet : vingt voix s’élevèrent contre Salazar, mais le vaillant officier ne sourcilla point.

— Seigneur don Pablo, me dit-il avec dignité et d’une voix mélancolique, j’avais jusqu’à ce jour considéré l’amitié non comme un vain mot, mais comme un fait réel : votre étrange conduite à mon égard me fait perdre cette belle illusion… que Dieu vous pardonne d’avoir le premier porté atteinte à la candeur de mon âme… quant à moi, si je vous renie pour ami, je ne vous en pardonne pas moins comme chrétien.

Salazar, vivement affecté, porta son mouchoir sur ses yeux et se dirigea vers la porte de sortie ; je l’arrêtai aussitôt en lui saisissant le bras : — Pardon, cher ami, lui dis-je en prenant le foulard dont il se