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Page:Duplessis - Aventures mexicaines, 1860.djvu/59

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— Oui, pour vous qui êtes un homme, mais pour moi…

Doña Lucinda Flores sembla hésiter.

— Eh bien ! pour vous, madame, quel autre danger peut-il exister ? demandai-je avec beaucoup de naïveté.

— Je suis femme, señor, répondit la timide Lucinda en baissant modestement les yeux et en essayant de rougir.

— Mais il y a donc réellement du danger ? demanda d’une voix douce et fraîche doña Jesusita Moratin, qui ne s’était point jusqu’alors mêlée à la conversation.

— Ah ! madame, ces brigands sont si entreprenants ! s’écria Lucinda ; puis après un moment de silence, la grosse femme ajouta avec un soupir :

— J’ai cependant déjà parcouru vingt fois cette route sans avoir jamais été attaquée.

— Ma foi ! si j’y avais songé plus tôt, dit à son tour le sénateur, j’aurais demandé une escorte de dragons… Vous ne pouvez vous figurer, monsieur, ajouta le seigneur Moratin en m’adressant directement la parole, quelles excellentes troupes nous avons au Mexique : quant à nos officiers, il est inutile d’en parler, leur réputation admirable dépasse tous les éloges… Il y a tel capitaine de notre ar-