LE CABINET NOIR nu CHARLES RAJIOU. L’histoire d’nne institution ténébreuse autour de laquelle ltimagination est autoris4e à grouper les combinaisons les plus dramatiques ; uhe fable pleine d’originalité et d’intérêt, qui, s’ouvrant à la mort de Charles 3Cr d’Angleterre et ne se il nouant qu’à la mort de Napoléon, est successivement conduite par l’auteur, en Augieterre, en Allcmagno, en Franco, en Ecosse, en halle, aux Etats-Unis, à Malte et jusque dans l’Ue africaine de Madagascar ; au milieu de cet horizon vraiment épique, une foule de personnages saisissants, dominés par une grande figure que ne cesse d’entourer une mystérieuse atmosphère ; des incidents sans nombre, dont le lecteur suit néanmoins sans fatigue la marche et Je développement ; de curieux détails sur les sociétés secrètes ; en tin mot, toutes les émotions que peuvent créer l’histoirà, le drame et le roman, réunies dans un cadre où la grandeur ne fait jamais tort à l’unité, tels sont les éléments du livre où le sombre auteur des Contes Bruns et do L’A Lide des Veuves n résumé toute la force d’invention qui caractérise son talent. L’Allemagne, pays où les romans noirs ont toujours fait fôrtune, n’a pas attendu que l’auteur eût achevé son oeuvre1 et deux traductions arassant simultanément à Leipzig et à Vienne, avant qu’un journal français eût terminé la publication du livre de M. Charles Etabou, témoignent de la sensation qu’il n produite, même à l’étranger1 L’HOMME DE MINUIT PAR ÉTIENNE ÉNAULT ET LOUIS JUDICIS. Le titre do ce roman révèle tout de suite une pensée de drame émouvant. Il y n là comme un frisson de terreur. Et c’cst en effet une histoire poignante qui se d& roule à travers les pages marquées de cette empreinte fatale.. Il s’agit, ici, d’une existence mystérkuse, exceptionnelle, qui, après s’être déchirée aux plus violentes aspérités de la vie sociale, se roidit avec une énergie indomptable et rend sans pitié le mal pour le mal, tout en inspirant un profond intérêt. Tel est florace Baltimorc, la figure dominante dc ce saisissant tableaut Autour de hit, intimement mêlés à l’action, se dessinent des types pleins de force, de grâce ou d’originalité. C’est Mathiide, sa femme, une pauvre fille qui aime les fleurs comme Ophélie. Cvest Thé.r so, sa fille, un ange do beauté et do dévouement. C’est le comte de Villefleur, un grand seigneur élégant et criminel. Puis viennent Léo de Villefleur, jeune officier plein de droiture, de courage d’abnégation ; Lucienne de Grand pré1 âme ardente, orgueilleuse, vindicative ; Jsm&I1 Gantz, usurier juif, qui par hasard n’a pas mis tout son coeur dans son coffre-for etc., etc. Ces divers personnages donnent lieu à des scènes toujours animées et souvent d’un intérêt palpitant. Ces scènes se déve— lopvent tantôt au milieu du panorama grandiose des Pyrénées, tantôt au sein de cet inextricable labyrinthe qu’on nomme Paris. La littérature contemporaine n’a rien, à notre avis, de plus saisissant que l’arrestation de Baltimore dans le Cirque de Gavarnie et l’interrogatoire que subit le comte de Villefleur au tribunal secret de l’avenue de Lord J3yron, aux Champs—Élysécs. L’ITOM3IE DE MINUIT flOUS semble destiné à un immense succès.
