Page:Duplessis - Les Peaux-rouges, 1864.djvu/230

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La troisième fois que Pedro répéta cette phrase, Antoine se leva, prit sa carabine ; puis, couvrant d’un même regard d’indicible tendresse toute l’heureuse famille :

— Adieu, chers enfants, s’écria-t-il, pensez quelquefois à moi ; je pars.

— Vous partez ! s’écrièrent Pedro et Mariquita atterrés. Et pourquoi donc, Antoine ?

— Parce que, pauvre enfant perdu que je suis, répondit Antoine, la vue de votre bonheur me fait mal, et me retire toute énergie et tout courage.

— Mais vous êtes mon fils, Antoine ! s’écria madame Urraca, en retenant le chasseur, et je ne vous laisserai pas partir.

— Mais vous êtes notre frère, Antoine ! dirent Pedro et Mariquita en lui sautant au cou.

Antoine, en proie à une émotion délicieuse et plus forte que sa volonté, laissa couler librement ses larmes.

— Eh bien ! oui, je serai pour vous un fils et un frère, dit-il d’une voix étouffée par la