Page:Duplessis - Les Peaux-rouges, 1864.djvu/38

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

trement que ne les cultivent les habitants des villes, qui, assurés, grâce au moindre travail, de leur existence, et ne redoutant aucun péril, s’endorment dans leur sécurité. Les habitants des villes, rassasiés de spectacles et de curiosités, remarquent aussi à peine ce qui a lieu autour d’eux, et il n’y a peut-être pas deux personnes, dans une capitale, qui en connaissent tous les magasins. Moi, c’est différent, il n’y a pas un arbre, à vingt lieues à la ronde, dont je ne connaisse toutes les branches ; pas un souffle ne passe dans l’air sans que je l’étudie pour savoir s’il m’annonce le beau temps ou la tempête ; pas un brin d’herbe ne frissonne sans que j’examine avec soin si c’est un insecte inoffensif ou bien un reptile dangereux qui la fait mouvoir… C’est grâce à ces observations sans cesse répétées, que je suis parvenu à suivre jusqu’au fond des forêts, impénétrables pour tout autre que pour moi, le gibier que je poursuis. Quelque vifs et rapides que soient le chevreuil et le daim, dans leur course, et quel-