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inconnu

ment le voyageur de la monotonie du chemin. Le Pinal est l’endroit le plus horiblement beau que puisse rêver une imagination exaltée à la manière de Salvator-Rosa. À la gauche du voyageur, pour celui qui vient de Vera-Crux, s’élève une haute montagne, droite, rocailleuse et couverte d’une forêt de sapins archi-centenaires. — On dirait une monstrueuse tête de géant à la chevelure épaisse. Ces sapins, que la vieillesse et surtout les orages n’ont point respectés ainsi que la hache des hommes, présente un désordre inextricable dans leur virginité. Les rois d’entre eux qui ont été frappés dans leur orgueil par la foudre, s’arrêtent de chute en chute, suspendus aux sommets des arbres d’un plan inférieur et forment des ponts aériens dans l’espace, renouvelant ainsi pour les voyageurs les