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PRÉFACE.

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Et des maux fraternels mon cœur est en émoi ;
Ô Dieu ! montre-toi bon pour tous comme pour moi !
Dieu ménagea le vent à ma pauvreté nue,
Mais le siècle d’airain pour d’autres continue…
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Pour qu’à tes fils élus, tes fils déshérités
Ne lancent point d’en bas des regards irrités,
Aux petits des oiseaux toi qui donnes pâture,
Nourris toutes les faims ! à tous dans la nature
Que ton hiver soit doux ! et son règne fini,
Le poëte et l’oiseau te diront : Sois béni !

Le poëte et l’oiseau teHégésippe Moreau (l’Hiver).


Pendant que, recueilli devant un site agreste, vous écoutez les bruits de la nature, s’il s’élève de ce fourmillement de notes une mélodie humaine en harmonie avec le paysage, vous passez de la sensation vague au sentiment réel. La création est réfléchie dans une pensée, elle trouve un écho intelligent qui en éveillera d’autres. Un lien s’établit entre vous et celui qui chante ; vous êtes enchaîné par le rhythme. Voilà l’origine des vers, du chant, des premières danses rustiques, et sans doute des premières sociétés.

Que dans l’état primitif où les hommes vivaient de leurs troupeaux, une tribu rapace et brutale se soit précipitée sur les gardiens paisibles, comme la tradition le rapporte de Caïn sur Abel, n’est-ce pas là le premier cri d’alarme, et, par suite, les premiers hymnes guerriers ?

Aux champs, dans l’intervalle des travaux, pendant les chaudes journées d’été, au moment où les moissonneurs assis à l’ombre se repassent la cruche de vin, ou encore durant ces longues veillées d’hiver où l’on se chauffe dans