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Page:Dupont - Les Deux Anges, 1844.djvu/68

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Ceux qui parmi la neige et les plages brûlantes
Ne laissent après eux que des traces sanglantes,
Loin de s’effaroucher, comme des lévriers
Le flattaient ou venaient se coucher à ses pieds ;
Que ces milliers d’oiseaux qui sur tant de rivages
Ont dispersé depuis leurs cohortes sauvages,
Ceux-ci tout diaprés, ceux-là mélodieux,
Charmaient en alternant son ouïe ou ses yeux ;
Qu’il pendait sur son front des ramures épaisses ;
Qu’il s’offrait à sa main des fruits de mille espèces ;
Et qu’en outre, des fleurs de toutes les saisons,
Et des climats divers, émaillant les gazons,
Exhalaient à ses pieds l’encens de leurs calices ;
Que Dieu, le voyant seul parmi tant de délices,
Seul capable d’aimer, seul être intelligent,
Avait fait son bonheur double en le partageant ;
Qu’après un long sommeil, charmé par un doux rêve,
Adam s’était senti réveillé par son Ève,
Par cet autre lui-même avec son corps formé
Exprès pour qu’il l’aimât et qu’il en fût aimé.