Ô République au front d’airain !
Ta justice doit être lasse ;
Au nom du peuple souverain,
Pour la première fois, fais grâce !
Offrons à Dieu le sang des morts
De cette terrible hécatombe,
Et que la haine et les discords
Soient scellés dans leur tombe !
UNE NUIT
Dans les prés nous allions chaque soir
Regarder se lever l’étoile,
Et, ce soir, ma paupière se voile ;
Je t’attends sans espoir :
Ô ma pensée !
Ô ma fiancée !
Sous le bouleau,
Dont la feuille tremble,
Nous demeurions si longtemps ensemble,
Sous le bouleau,
Auprès de l’eau.
Les troupeaux s’en vont à l’abreuvoir,
Le berger poursuit la bergère ;
Seul errant sur la noire bruyère,
Je t’attends sans espoir :
Ô ma pensée !
Ô ma fiancée !
Sur nos amours,
Ô belle cruelle !
Le soir discret étendait son aile.
Sur nos amours,
Hélas ! trop courts.