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À CERTAINES ABEILLES


Aux flancs blonds de la ruche, ioniques abeilles,
Dès que le miel ouvré pend en grappes vermeilles,
Suc embaumé des fleurs, esprits des végétaux,
Comme aux rochers sculptés le prisme des cristaux,
Les paysans unis, ardents à vous poursuivre,
S’arment de longs bâtons et d’instruments de cuivre.
Ne perdez pas sur eux vos frêles aiguillons ;
Leur main s’est endurcie à creuser les sillons,
Et, pour parer vos coups, leur front hâlé se voile,
D’une bure grossière ou d’un lambeau de toile ;
Laissez-leur le champ libre et fuyez sans combats !
Les chênes des forêts vous ouvrent leurs grands bras ;
Dans leur tronc caverneux et sous leur verte voûte
Que votre liqueur d’or se forme goutte à goutte !
Nul ne vous troublera dans vos labeurs secrets,
Si ce n’est le rêveur errant dans les forêts,
Ou quelque blonde enfant qui, de soif épuisée,
En savourera mieux l’odorante rosée.



LE CHANT DES PAYSANS


(1849)


Quand apparut la République
Dans les éclairs de Février,
Tenant en main sa longue pique,
La France fut comme un brasier :
Dans nos vallons et sur nos cimes
Verdit l’arbre de la Liberté ;
Mais les Quarante-cinq centimes
Et Juin plus tard ont tout gâté.