Page:Dupré de Saint-Maur - Anthologie russe, 1823.djvu/69

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Plût au Ciel que le feu, la peste et la famine,

Les vents, les fleuves déchaînés,

D’un peuple généreux, conspirant la ruine,

Nous eussent tous exterminés,

Ou que ces dieux vengeurs qui lancent le tonnerre,

Sous nos toits chancelants, nous eussent foudroyés,

Plutôt que de voir notre terre

Esclave d’Yermak, et foulée à ses pieds!

LE JEUNE HOMME.

Yermak ! le fléau, l’horreur de la nature! (8)

Montagnes, sombres bois, jour brillant, nuit obscure,

Maudissez ce mortel.

Dévouez aux enfers cet objet d’épouvante ;

C’est lui qui nous plongea, de sa main dévorante,

Dans un deuil éternel...

LE VIEILLARD.

Tels nous voyons, dans notre Sibérie,

Les aquilons et les frimas

S’entrechoquer avec furie,

Et porter au loin le trépas ;

Tel marchait Yermak : de sa flèche homicide

La mort suivait le vol rapide ;

La mort avait guidé son bras.

LE JEUNE HOMME.

Te souvient-il du jour, jour à jamais horrible,

Où le frère de notre Roi