Page:Dupré de Saint-Maur - Anthologie russe, 1823.djvu/71

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« Prince, s’écria-t-il, la victoire est à moi ;

» Tout ici, désormais, doit fléchir sous ma loi. »

LE JEUNE HOMME.

Ô malheureuse Sibérie!

Il fut trop tôt exécuté,

Cet arrêt destructeur de ma chère patrie,

Qu’au sein de la victoire Yermak a dicté.

Ô malheureuse Sibérie!

Sont-ils donc à jamais éclipsés tes beaux jours?

Mon père, dans les fers, gémirons-nous toujours?

LE VIEILLARD.

Toujours. . . . Écoute-moi : tu vois ces forêts sombres.

Hier, quand l’astre d’or pâlit devant les ombres,

Je m’étais enfoncé dans leurs vastes détours ;

Là, penché sur le sein des victimes sanglantes,

J’adressais à nos dieux des prières ferventes.

Mais l’ouragan trouble les airs;

La terre tremble, et la tempête

Avec fracas courbe la tête

Des chênes, rois de nos déserts.

Aux coups redoublés du tonnerre,

Leur feuillage jonche la terre (10).

Des daims les membres palpitants

Sont dispersés par les Autans.

Je tombe sur l’humide pierre.

La terreur glace tons mes sens;

Du Ciel alors semble descendre