Page:Dupré de Saint-Maur - Anthologie russe, 1823.djvu/73

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

(11)

Repose en paix sur le lointain rivage,

Yermak! que cet or conquis par ton courage (14),

Cet or, que de l’Oural ta lance a fait jaillir,

Grâce à la main des arts, nous offre ton image:

De lauriers et de fleurs nous irons la couvrir.

Mais que dis-je? sur toi lorsque ma muse appelle

Les honneurs qu’on décerne aux mânes des héros,

Dans quel champ jouis-tu de l’éternel repos?

Quelle terre a reçu ta dépouille mortelle?

En ce moment peut-être un sanglier

Disperse-t-il les cendres du guerrier;

Peut-être, hélas! sont-elles profanées (15)

Par les Ostiaks vagabonds,

Quand de leurs flèches empennées

Ils atteignent le cerf sur la cime des monts.

Dors en paix, ombre vénérée,

Dans le désert silencieux.

Quand l’aurore sortant de la voute azurée

Détache de la nuit les crêpes ténébreux,

Par la reconnaissance une muse inspirée

T’adresse en soupirant des chants harmonieux.

Ta gloire d’un grand peuple a conquis les hommages,

Yermak : que ton nom, par le temps respecté,

Retentisse sur nos rivages,

Jusqu’au jour solennel où le torrent des âges,

Muet, s’arrêtera devant l’éternité.