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Une couronne brille en ses pieuses mains,

A qui t’offrira-t-il , descendants des Romains?

Quel front la recevra? Le tien, esprit sublime,

Le tien, chantre immortel de l’antique Solyme.

Et les cris allégresse ont atteint le réduit

D’où le Tasse descend dans l’éternelle nuit.

Pour le triomphateur déjà la mort s’apprête;

L’ange ailé du trépas a plane sur sa tête:

Et ces honneurs tardifs, ces amis consternés,

Aux pieds du crucifix ces prêtres prosternés,

Rien ne peut le sauver; le destin veut qu’il meure:

Du Tasse infortuné sonne la dernière heure.

Le poète l’entend d’un front calme et pieux,

Que dis-je? il la bénit, et cygne harmonieux

Sur le seuil du tombeau , maitre de son génie,

II adresse en ces mots ses adieux à la vie :

« Par pitié, laissez-moi jeter quelques regards

» Sur la pompeuse Rome et ses nobles remparts;

» Je veux leur consacrer un reste de lumière.

» Mes amis! que je puisse, entr’ouvrant ma paupière,

» Contempler les foyers des fils de Romulus,

» Champs des beaux souvenirs que je ne verrai plus.

» O terre de héros, de hauts faits, de miracles,

» Qui portes en tout lieu la voix de tes oracles ;

» Majestueux palais, superbes peupliers,

» Bocages toujours verts, antiques oliviers,

» Et toi, ciel azuré, dôme des sept collines,

» Cendres de nos aïeux, vénérables ruines,