Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/131

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du coffre, le baigna de ses larmes, et poussa un cri si perçant que le plus jeune des fils du roi en mourut de frayeur. Isis emmena l’aîné avec elle, et, emportant le coffre chéri, elle s’embarqua ; mais un vent un peu violent s’étant élevé sur le fleuve Phœdrus, vers le matin, elle le fit tout-à-coup tarir. Elle se retire à l’écart ; se croyant seule, elle ouvre le coffre, et collant sa bouche sur celle de son époux, elle le baise et l’arrose de ses larmes. Le jeune prince qu’elle avait emmené, s’étant avancé par derrière à petit bruit, épiait sa conduite. La déesse s’en aperçoit, se retourne brusquement, et lance sur lui un regard si terrible, qu’il en meurt d’effroi. Elle se rembarque, et retourne en Égypte auprès d’Orus son fils, qu’on élevait à Butos, et elle dépose le corps dans un lieu retiré. Typhon étant allé la nuit à la chasse, trouve le coffre, reconnaît le cadavre, et le coupe en quatorze morceaux, qu’il jette çà et là. La déesse l’ayant vu, vint rassembler ces lambeaux épars ; elle les enterra chacun dans le lieu où elle les trouva. De toutes les parties du corps d’Osiris, les parties de la génération furent les seules qu’Isis ne put retrouver. Elle y substitua le Phallus, qui en fut l’image, et qui fut consacré dans les mystères.

Peu de temps après, Osiris revint des enfers au secours d’Orus son fils, et le mit en état de le venger. Il lui donna pour monture, les uns disent le cheval, les autres le loup. Typhon fut vaincu : Isis le laissa échapper. Orus en fut indigné, et ôta à sa mère