Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/142

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l’homme, que celui de la Terre, lorsque, par l’absence du Soleil, elle se trouve privée de sa parure, de sa verdure, de son feuillage, et qu’elle n’offre plus à nos regards que les débris de plantes desséchées ou tombées en putréfaction, de troncs dépouillés, de terres hispides et sans culture ou couvertes de neiges ; de fleuves débordés dans les champs ou enchaînés dans leur lit par les glaces, ou de vents fougueux qui bouleversent la Terre, les eaux et les airs, et qui portent le ravage dans toutes les parties du Monde sublunaire ! Qu’est devenue cette température heureuse dont la Terre jouissait au printemps et pendant l’été ? cette harmonie des éléments, qui était en accord avec celle des cieux ? cette richesse, cette beauté de nos campagnes chargées de moissons et de fruits, ou émaillées de fleurs dont l’odeur parfumait l’air, et dont les couleurs variées présentaient un spectacle si ravissant ? Tout a disparu, et le bonheur s’est éloigné de l’homme avec le dieu qui, par sa présence, embellissait nos climats ; sa retraite a plongé la Terre dans un deuil dont son retour seul pourra la tirer. Il était donc le créateur de tous ces biens, puisqu’ils nous échappent avec lui ; il était l’âme de la végétation, puisqu’elle languit et s’arrête aussitôt qu’il nous quitte. Quel sera le terme de sa fuite et de sa descente des cieux, dont il s’exile comme Apollon ? Va-t-il replonger la Nature dans l’ombre éternelle du chaos, d’où sa présence l’avait tirée ? Telles étaient les inquiétudes de ces anciens peuples, qui, voyant le Soleil s’éloigner de leurs climats, craignaient qu’un jour il ne vînt à les aban-