Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/216

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l’antiquité, par ses voyages et ses conquêtes en Orient, qui se trouve n’avoir jamais existé comme homme, quoi qu’en ait dit Cicéron, et qui n’existe que dans le Soleil, comme Hercule et Osiris. Son histoire se réduit à un poème allégorique sur l’année, sur la végétation et sur l’astre qui en est l’âme, et dont l’action féconde commence à se développer à l’équinoxe du printemps. Le roi Raisin, la reine Ivresse, le prince la Grappe, le vieux Pithos ou Tonneau, ne sont que des êtres secondaires, personnifiés dans une allégorie qui a pour objet le dieu des vendanges. Il en est de même du jeune Ampelus ou Vigne, ami de Bacchus ; de la Nymphe Vent doux ou Aura, dont il est amoureux, et de tous les autres êtres physiques ou moraux qui figurent dans ce poème, dont le fond comme les accessoires appartiennent à l’allégorie, et où rien n’est du domaine de l’histoire. Mais si l’histoire y perd un héros, l’antiquité poétique y gagne de son côté, et recouvre un des plus beaux monuments de son génie. Ce nouveau poème nous apprend à juger de son caractère original, et nous donne la mesure des élans de la poésie. On voit encore ici comment, sur un canevas aussi simple qu’un calendrier, on a su broder les fictions les plus ingénieuses, dans lesquelles tout est personnifié, et où tout prend de l’âme, de la vie et du sentiment. C’est aux poètes de nos jours à voir, par ces exemples, de quelle hauteur ils sont tombés, et à nous à juger de la certitude des anciennes histoires, surtout de celles dont les personnages figurent