Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/27

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contemplait lui-même dans les formes aussi variées qu’admirables sous lesquelles il se modifiait sans cesse. « Le Monde, dit Pline, ou ce que nous appelons autrement le Ciel, qui dans ses vastes flancs embrasse tous les êtres, est un Dieu éternel, immense, qui n’a jamais été produit et qui ne sera jamais détruit. Chercher quelque chose au-delà est un travail inutile à l’homme et hors de sa portée. Voilà l’Être véritablement sacré, l’Être éternel, immense, qui renferme tout en lui ; il est tout en tout, ou plutôt il est lui-même tout. Il est l’ouvrage de la Nature et la Nature elle-même. »

Ainsi parle le plus philosophe comme le plus savant des naturalistes anciens. Il croit devoir donner au Monde et au Ciel le nom de cause suprême et de Dieu. Suivant lui, le Monde travaille éternellement en lui-même et sur lui-même ; il est en même temps et l’ouvrier et l’ouvrage. Il est la cause universelle de tous les effets qu’il renferme. Rien n’existe hors de lui ; il est tout ce qui a été, tout ce qui est, tout ce qui sera, c’est-à-dire, la Nature elle-même ou Dieu ; car, par Dieu, nous entendons l’Être éternel, immense et sacré, qui, comme cause, contient en lui tout ce qui est produit. Tel est le caractère que Pline donne au Monde, qu’il appelle le grand Dieu, hors duquel on ne doit pas en chercher d’autre.

Cette doctrine remonte à la plus haute antiquité chez les Égyptiens et chez les Indiens. Les premiers avaient leur grand Pan, qui réunissait tous les caractères de la Nature universelle, et qui originairement