Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/325

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comme nos docteurs chrétiens veulent aussi le faire croire du Soleil-Christ, les Païens, qu’on me permette ce mot, tant soit peu instruits dans leur religion, n’ont pas pris comme nous le change. Il ont toujours vu dans Adonis, par exemple, le Soleil personnifié, et ils ont cru devoir rappeler à la physique et aux phénomènes annuels de la révolution de cet astre, toute l’aventure merveilleuse de l’amant de Vénus, mort et ressuscité. Les chants d’Orphée et de Théocrite sur Adonis indiquaient assez clairement qu’il s’agissait, dans cette fiction, du dieu qui conduisait l’Année et les Saisons. Ces poètes l’invitent à venir avec la nouvelle année, pour répandre la joie dans la Nature, et faire naître les biens que la Terre fait éclore de son sein. C’était aux Heures et aux Saisons qu’était confié le soin de le ramener au douzième mois. Orphée appelle Adonis le dieu aux mille noms, le nourricier de la Nature, le dieu dont la lumière s’éteint et se rallume par la révolution des heures, et qui tantôt s’abaisse vers le Tartare, et tantôt remonte vers l’Olympe, pour nous dispenser la chaleur qui met en activité la végétation. Le Soleil, sous le nom d’Horus, fils de la vierge Isis, éprouvait de semblables malheurs. Il avait été persécuté par le noir Typhon, qui prenait les formes du serpent. Avant d’en triompher, il avait été mis en pièces comme Bacchus ; mais ensuite il fut rappelé à la vie par la déesse sa mère, qui lui accorda l’immortalité. C’est dans les écrivains chrétiens, et chez les Pères de l’Église, que nous trouvons les principaux traits de ce roman