Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/371

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analysé leurs fables sacrées, consignées dans des poèmes et dans des légendes, et d’avoir prouvé que la Nature et ses agents visibles, ainsi que les intelligences invisibles qui étaient censées résider dans chaque partie du Monde et en diriger les mouvements, ont été le sujet de tous les chants sur la Divinité et la base du système religieux de toutes les nations de l’Univers. C’est le culte en lui-même qui doit faire la matière d’un sérieux examen. Les maux que les religions ont faits à la Terre sont assez grands pour qu’on soit autorisé à se demander à soi-même s’il faut conserver ou proscrire ces institutions. Leur influence sur la politique et la morale, sur le bonheur et le malheur de l’homme en particulier et des sociétés en général, est trop marquée et trop universelle pour qu’on doive légèrement abandonner aux prêtres le droit de gouverner les hommes, de modifier à leur gré leurs penchants, leurs goûts et leur régime de vie, et surtout de dégrader leur raison. La religion se mêle à tout ; elle saisit l’homme au moment où il sort du sein de sa mère ; elle préside à son éducation ; elle met son sceau aux engagements les plus importants qu’il puisse contracter dans sa vie ; elle entoure le lit du mourant ; elle le conduit dans le tombeau, et le suit encore au-delà du trépas par l’illusion de l’espérance et de la crainte.

Je sens que la seule proposition d’examiner s’il faut ou non une religion va révolter beaucoup d’esprits, et que les religions ont jeté sur la Terre des racines trop étendues et trop profondes pour qu’il