Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/378

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d’autre culte que celui qu’on lui rend par la vertu, il en eût gravé lui-même les règles dans notre cœur ; et certes, ce culte n’eût été ni absurde ni atroce, comme le sont presque tous les cultes.

Mais ce n’est point la Divinité qui a commandé un culte à l’homme : c’est l’homme lui-même qui l’a imaginé pour son propre intérêt ; et le désir et la crainte, plus que le respect et la reconnaissance, ont donné naissance à tous les cultes. Si les dieux ou les prêtres en leur nom ne promettaient rien, les temples seraient bientôt déserts. En général, les religions ont un caractère commun : c’est d’établir une correspondance entre l’homme et les êtres invisibles appelés dieux, anges, génies, etc., c’est-à-dire, entre des êtres que l’homme lui-même a créés pour expliquer les phénomènes de la Nature. Le but de cette correspondance est d’intéresser ces différents êtres à son sort, et d’en obtenir des secours dans ses besoins. Les agents de cette correspondance sont des hommes fins et adroits, qu’on nomme prêtres, magiciens, et autres imposteurs qui se donnent pour les intimes confidents et les organes des volontés suprêmes des êtres invisibles. Tel est le fondement de tout culte et de toute religion qui met l’homme en relation avec les dieux, et la terre avec les cieux ; c’est-à-dire, que tout culte organisé, et qui s’exerce par les prêtres, a pour base un ordre idéal d’êtres invisibles, chargés d’accorder des secours chimériques par l’entremise de fripons. Voilà en général à quoi se réduit le culte religieux chez tous les peu-