Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/394

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vres, le temple était rempli d’adorateurs et de présents. Mais aujourd’hui, dit-il, on ne voit plus personne au temple, que quelques coquins qui viennent en passant y faire leurs ordures. Aussi, ajoute le prêtre, je vais dire adieu à Jupiter. Voilà le secret des prêtres de tous les pays ; ils ne sont attachés au service de leurs autels qu’autant qu’on les charge de dons, et que le peuple croit avoir besoin de leur entremise pour obtenir les secours du Ciel. Ôtez aux hommes la crédulité à leurs promesses, plus d’autels, plus de prêtres et conséquemment plus de culte. Le système religieux, chez tous les peuples, repose sur cette base. Ainsi le culte étant fondé sur cette opinion fausse et complètement absurde, savoir, que par des vœux et des offrandes on intéresse à son sort la Nature ou les êtres invisibles qu’on met à sa place : donc il ne faut pas de culte. Quoi de plus faux et de plus absurde en effet, que d’imaginer que la Divinité est placée comme en sentinelle pour écouter toutes les sottises qui passent par la tête de ceux qui lui adressent des prières, et dont les vœux, pour la plupart, n’expriment que des désirs insensés et dictés par l’intérêt particulier, qui s’isole toujours de l’intérêt général vers lequel tend la providence universelle.

Quelle absurdité que d’admettre un Dieu infiniment bon, qui pourtant ne fait le bien qu’autant qu’on le presse, qu’on le sollicite, et qu’on l’y détermine par des prières et des offrandes ? Que j’aime bien mieux ces peuples qui n’adressent aucune prière au