Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/431

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revînt sur la Terre accuser ceux qui l’avaient trompé. On pouvait tout feindre, par cela même qu’on ignorait tout. C’est l’enfant qui pleure quand on le sépare pour toujours de sa mère, et qu’on apaise en disant qu’elle va revenir. C’est cette disposition de l’homme à tout croire quand il ne voit rien, à saisir toutes les branches d’espoir quand tout lui échappe, dont le législateur adroit a su profiter pour établir le dogme d’une vie future et l’opinion de l’immortalité de l’âme ; dogme qui, en le supposant vrai, ne s’appuie absolument sur rien que sur le besoin que les législateurs ont cru avoir de l’imaginer.

On peut tout publier sur un pays que personne ne connaît et d’où personne n’est jamais revenu pour démentir les imposteurs. C’est cette ignorance absolue qui a fait la force des prêtres. Je n’examinerai point ici ce que c’est que l’âme, si elle est distinguée de la matière qui entre dans la composition du corps ; si l’homme est double plus que tous les animaux dans lesquels on ne reconnaît que des corps simples organisés, de manière à produire tous les mouvements qu’ils exécutent, et à recevoir toutes les sensations qu’ils éprouvent. Je n’examinerai point non plus si le sentiment et la pensée produits en nous, et dont l’action se développe ou s’affaiblit, suivant que nos organes se développent ou s’altèrent, survivent au corps auquel leur exercice paraît intimement lié, et de l’organisation duquel, mise en harmonie avec le Monde, ils semblent n’être qu’un effet ; enfin, si après la mort, l’homme pense et sent plus qu’il