Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/434

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

que les Anciens donnèrent au Monde une grande âme, et une immense intelligence, dont toutes les âmes et les intelligences particulières étaient émanées. Cette âme était toute matérielle, puisqu’elle était formée de la substance pure du feu Éther ou de l’élément subtil universellement répandu dans toutes les parties animées de la Nature, et qui est la source du mouvement de toutes les sphères et de la vie des astres, aussi bien que de celle des animaux terrestres. C’est la goutte d’eau qui n’est point anéantie, soit qu’elle se divise par l’évaporation et s’élève dans les airs, soit qu’elle se condense et retombe en pluie, et qu’elle aille se précipiter dans le bassin des mers et s’y confondre avec l’immense masse des eaux. Tel était le sort de l’âme dans l’opinion des Anciens, et surtout des Pythagoriciens.

Tous les animaux, suivant Servius, commentateur de Virgile, empruntent leur chair de la terre, les humeurs de l’eau, la respiration de l’air, et leur instinct du souffle de la Divinité. C’est ainsi que les abeilles ont une petite portion de la Divinité. C’est aussi en soufflant que le dieu des Juifs anime l’homme ou le limon dont son corps est formé, et ce souffle est le souffle de vie ; c’est de dieu et de son souffle, continue Servius, que tous les animaux, en naissant, tirent leur vie. Cette vie, à la mort, se résout et rentre dans l’âme du grand tout, et les débris de leurs corps dans la matière terrestre.

Ce que nous appelons mort n’est point un anéantissement, suivant Virgile, mais une séparation des