Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/448

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sont pas de même nature, car elle a des gouffres et des abîmes infiniment plus profonds que ceux que nous connaissons. Ces cavernes se communiquent entre elles dans les entrailles de la Terre par des sinuosités vastes et ténébreuses, et par des canaux souterrains dans lesquels coulent des eaux, les unes froides, les autres chaudes, ou des torrents de feu qui s’y précipitent, ou un limon épais qui glisse lentement. La plus grande de ces ouvertures est ce qu’on nomme Tartare : c’est dans cet immense abîme que s’engouffrent tous ces fleuves, qui en sortent ensuite par une espèce de flux et de reflux, semblable à celui de l’air qu’aspirent et rendent nos poumons. On y remarque quatre fleuves principaux, comme dans le paradis de Moïse. L’un d’eux est l’Achéron, qui forme sous la Terre un immense marais, dans lequel les âmes des morts vont se rassembler. Un autre, c’est le Pyriphlégéton, roule des torrents de soufre enflammé. Là est le Cocyte ; plus loin le Styx. C’est dans ce séjour affreux que la justice divine tourmente les coupables par toutes sortes de supplices. On trouve à l’entrée l’affreuse Tisiphone, couverte d’une robe ensanglantée, qui nuit et jour veille à la garde de la porte du Tartare. Cette porte est encore défendue par une énorme tour ceinte d’un triple mur que le Phlégéton environne de ses ondes brûlantes, dans lesquelles il roule avec bruit des quartiers de rochers embrasés. Lorsqu’on approche de cet horrible séjour, l’on entend les coups de fouets qui déchirent le corps de ces malheureux : leurs gémissements