Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/450

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la morale et à la politique. Ces tableaux effrayants étaient peints sur les murs du temple de Delphes. Ces récits entraient dans l’éducation que les nourrices et les mères crédules donnaient à leurs enfants : on leur parla de l’enfer comme on leur parle de revenants et de loups-garoux. On rendit leurs âmes timides et faibles ; car on sait combien sont fortes et durables les premières impressions, surtout quand l’opinion générale, l’exemple de la crédulité des autres, l’autorité de grands philosophes tels que Platon, de poètes célèbres tels qu’Homère et Virgile, un hiérophante respectable, des cérémonies pompeuses, d’augustes mystères célébrés dans le silence des sanctuaires ; lorsque les monuments des arts, les statues, les tableaux, enfin que tout se réunit pour inspirer par tous les sens une grande erreur que l’on décore du nom imposant de vérité sacrée, révélée par les dieux eux-mêmes, et destinée à faire le bonheur des hommes.

Un jugement solennel et terrible décidait du sort des âmes, et le code sur lequel on devait être jugé avait été rédigé par les législateurs et les prêtres, d’après les idées du juste et de l’injuste qu’ils s’étaient formées, et d’après le besoin des sociétés, et surtout de ceux qui les gouvernaient. Ce n’était point au hasard, dit Virgile, qu’on assignait aux âmes les diverses demeures qu’elles devaient habiter aux enfers. Un arrêt toujours juste décidait de leur sort.

Les âmes, après la mort, se rendaient dans un carrefour, d’où partaient deux chemins, l’un à droite et l’autre à gauche ; le premier conduisait à l’Élysée,