Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/464

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l’on pouvait abréger la durée de ces supplices préparatoires, en fléchissant par des prières ceux qu’on avait outragés. Dans le système des Chrétiens, le premier outragé, c’était Dieu : il fallait donc chercher à le fléchir ; et les prêtres, intermédiaires avoués par la Divinité, se chargèrent de cette commission en se faisant payer. Voilà le secret de l’Église, la source de ses immenses richesses. Aussi leur dieu répète-t-il souvent : gardez-vous de paraître devant moi les mains vides.

C’est ainsi que les prêtres et les églises se sont enrichis par des donations pieuses, que les institutions monastiques se sont multipliées aux dépens des familles dépouillées par la religieuse imbécillité d’un parent, et par les friponneries des prêtres et des moines. Partout l’oisiveté monacale s’engraissa de la substance des peuples ; et l’Église, si pauvre dans son origine, exploita assez avantageusement le domaine du purgatoire, pour n’avoir plus rien à redouter de l’indigence des premiers siècles, et pour insulter même par son luxe à la médiocrité du laborieux artisan. Heureusement pour nous, la révolution vient d’exercer une espèce de retrait : la nation a repris aux prêtres et aux moines ces immenses possessions, fruit de l’usurpation de tant de siècles, et elle ne leur a laissé que les biens célestes, dont ils ne paraissent guère se soucier, et qui cependant leur appartiennent à titre d’invention. Quelque juste que paraisse ce retrait, les tyrans de notre raison ne se sont pas dessaisis aussi facilement de leurs anciens vols. Pour se