Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/470

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pour les âmes faibles. Un des auditeurs de Christ, effrayé de cette morale, lui observe qu’il n’est donc pas avantageux de se marier si cet état est environné de tant d’écueils. Le prétendu docteur lui répond que tous les hommes ne sont pas capables de cette haute sagesse qui fait renoncer au mariage ; qu’il n’y a que ceux à qui le Ciel a accordé ce précieux avantage. Voilà donc le célibat, ce vice anti-social, mis au nombre des vertus, et reconnu pour l’état de perfection auquel il n’est pas donné à tous les hommes d’arriver.

Convenons, de bonne foi, que si les législateurs anciens eussent ainsi organisé les premières sociétés, et réussi à faire prendre une pareille doctrine dans l’esprit d’un grand nombre d’hommes, les sociétés n’eussent pas subsisté longtemps. Heureusement la contagion de cette vie parfaite n’a pas gagné tout l’Univers. Néanmoins elle y a fait beaucoup de ravages, dont nous nous ressentons encore.

C’est ainsi que les raffinements de la mysticité orientale ont détruit les effets des initiations primitives. Celles-ci avaient pu former les premiers liens des sociétés ; ceux-là ne pouvaient que les rompre. Les sauvages, dispersés dans leurs forêts avec leurs femmes et leurs enfants, se nourrissant des fruits du chêne ou de la chasse, étaient encore des hommes avant d’être civilisés. Les solitaires de la Thébaïde, lorsque la mysticité les eut dégradés, n’en étaient plus ; et l’habitant des forêts de Germanie est plus respectable à mes yeux, que celui de la ville d’Oxyrinque,