Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/481

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qui leur appartient exclusivement, ce sont plusieurs maximes absurdes ou dangereuses dans leurs conséquences ; et je ne crois pas qu’on soit tenté de leur envier une pareille morale. Je m’attache ici surtout à combattre un préjugé assez généralement reçu ; savoir : que si les dogmes du christianisme sont absurdes, la morale est bonne ; c’est ce que je nie, et c’est ce qui est faux quand on entend par morale chrétienne, celle qui appartient exclusivement aux Chrétiens, et qu’on ne donne pas cette dénomination à la morale qui est connue sans eux, avant eux, et qu’ils n’ont fait qu’adopter, ou plutôt défigurer en la mêlant à des préceptes ridicules et à des dogmes extravagants. Encore une fois, tout ce qui est bon n’est point à eux, et tout ce qui est mauvais ou ridicule dans leur morale leur appartient, et c’est la seule morale qu’on puisse proprement dire être particulière aux Chrétiens : encore pourrait-on trouver sa source ou son parallèle dans celle des fakirs de l’Inde.

Et c’est ici un des grands inconvénients des religions, de confondre toutes les notions naturelles du juste et de l’injuste, des vertus et des crimes, en introduisant dans la morale, sous le nom de religion, des vertus et des vices inconnus dans le code de la Nature. Ainsi les Formosans, qui mettent au nombre des crimes dignes du Tartare le larcin, le meurtre et le mensonge, y mettent aussi celui de manquer d’aller nu dans les temps marqués ; le Catholique y mettait celui d’y aller, même une fois. Boire du vin