Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/494

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Orphée, qui s’était saisi de toutes les branches du charlatanisme religieux, afin de conduire plus sûrement les hommes, avait imaginé des remèdes pour l’âme et pour le corps qui avaient à peu près autant d’efficacité les uns que les autres ; car on pouvait ranger alors sur la même ligne les médecins du corps et ceux de l’âme, Orphée et Esculape. Les ablutions, les cérémonies expiatoires, les indulgences, les confessions et les Agnus dei, etc. sont en morale ce que sont les talismans en médecine. Ces deux spécifiques, sortis de la même fabrique, n’en imposent plus qu’aux sots : la foi seule peut leur donner de la vogue. Orphée passait chez les Grecs pour avoir inventé les initiations, les expiations des grands crimes, et trouvé le secret de détourner les effets de la colère des dieux, et de procurer la guérison des maladies. La Grèce était inondée d’une foule de rituels qui lui étaient attribués ainsi qu’à Moïse, et qui prescrivaient la forme de ces expiations. Pour le malheur de l’humanité, on persuada non-seulement à des particuliers, mais à des villes entières qu’on pouvait se purifier de ses crimes, et s’affranchir des supplices dont la Divinité menaçait les coupables, par des sacrifices expiatoires, par des fêtes et des initiations ; que la religion offrait ces ressources aux vivants et aux morts dans ce qu’on appelait telètes ou mystères : de là vint que les prêtres de Cybèle, ceux d’Isis, les orphéotelètes, comme nos capucins et nos religieux mendiants, se répandirent parmi le peuple pour en tirer de l’argent, sous prétexte de l’initier et de le