Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/498

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mords qui lui eût pesé peut-être toute sa vie, il jouit bientôt de la sécurité de l’honnête homme, et il s’affranchit du seul supplice qui puisse punir le crime secret. Que de forfaits n’a pas enfantés la funeste espérance d’un bon peccavi, qui doit terminer une vie souillée de crimes, et lui assurer l’immortalité bienheureuse ! L’idée de la clémence de Dieu a toujours contrebalancé la crainte de sa justice dans l’esprit d’un coupable, et la mort est le terme auquel il fixe son retour à la vertu, c’est-à-dire qu’il renonce au crime au moment où il va être pour toujours dans l’impuissance d’en commettre de nouveaux, et où l’absolution d’un prêtre va, dans son opinion, le délivrer des châtiments dus à ses anciens forfaits. Cette institution est donc un grand mal, puisqu’elle ôte un frein réel que la Nature a donné au crime pour lui en substituer un factice, dont elle-même détruit tout l’effet.

C’est à la conscience de l’honnête homme à récompenser ses vertus, et à celle du coupable à punir ses forfaits. Voilà le véritable Élysée, le véritable Tartare, créés par les soins de la Nature elle-même. C’est l’outrager que de vouloir ajouter à son ouvrage, et plus encore de prétendre absoudre un coupable et l’affranchir du supplice qu’elle lui inflige secrètement par la perpétuité des remords.

Les anciennes initiations avaient aussi leurs tribunaux de pénitence, où un prêtre, sous le nom de Koës, entendait l’aveu des fautes qu’il fallait expier. Un de ces malheureux imposteurs confessant le