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les parques

Le mal se renouvelle ainsi que la forêt,
Et le bouleau blanchit où verdissait l’érable.
La vie a ses printemps, ses étés, ses hivers,
Mais l’homme reste l’homme à ses âges divers,
Et plus que ses sanglots son rire est misérable ;
Le repos n’est pas même une trêve pour lui,
Car la paix, c’est bientôt la glace de l’ennui :
Ton fer rouge, ô douleur, est encor préférable.



La volupté serait l’absence du tourment ;
Mais cette extase échappe à notre sentiment :
Nous ne l’apercevons qu’après qu’elle est perdue.
La jeunesse est le rêve ébloui d’un matin,
L’allégresse un écho fuyant dans le lointain,
La force une parole autrefois entendue ;
Nous sentons le bonheur par son inanité,
Et la tristesse règne en sa réalité
Sur toute la durée et toute l’étendue.



L’homme veut tout étreindre, et ne peut rien saisir.
Cette déception de l’infini désir,