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les parques

La Mort ! Culte inconnu, rite obscur, noir mystère
Que les initiés ne cesseront de taire,
Car leur bouche est clouée et leurs sens sont éteints.
Ils tombent foudroyés en entrant dans le temple,
Et leur regard s’aveugle aussitôt qu’il contemple
L’idole insaisissable aux contours incertains.
Toute affirmation d’avenir est donc née
Dans notre faible cœur qui prend, dupe obstinée,
L’appel de ses désirs pour la voix des destins.



Oui, la vierge promise ou la jeune épousée,
Fleur meurtrie avant l’heure où sèche la rosée,
Dit en mourant : Grands dieux, laisser ceux que j’aimais !
Et l’époux, dont la plainte emplit la solitude,
En proie aux souvenirs troublants de l’habitude,
Ne s’imagine pas qu’il ne pourra jamais
Vivre dans l’avenir la minute perdue,
Et renversant les lois du temps, de l’étendue,
Ramener les torrents de la plaine aux sommets.



Crédulité d’enfant que l’âge mûr renie.