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les parques

Couvre la violette aux regards hésitants ;
Quand la feuille séchée et pâle aux bois d’automne
Tombe et tourne en cherchant le sol comme à regret ;
Quand la vague des blés jaunis court monotone
À travers l’Océan fertile du guéret ;
Quand le vent de l’hiver sur les collines blanches
Fait lamenter le luth cyclopéen des branches,
Dans toutes ces rumeurs parle un tourment secret.



« C’est la compassion de l’âme universelle
Pour toutes les douleurs des êtres, depuis celle
Qui sèche le brin d’herbe usé par le soleil
Jusqu’à cette souffrance aux formes infinies,
Qui, peuplant l’existence humaine d’agonies,
Prend aux lèvres le rire, ôte aux yeux le sommeil.
Viens donc conter ta plainte à la mer murmurante,
Cherche la paix et l’ombre au fond des bois dormants,
Retourne à ton labeur avec l’abeille errante,
Bois le flot de la source aux sursauts écumants,
Foule les mousses d’or plus douces que des laines,
Et rouvre, ainsi qu’un lys sous de tièdes haleines,
Ton âme renaissante à mes enchantements. »