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les parques

Et ce qui renaîtra de la corruption
Ne réparera point la dissolution
Du tout organisé qui constituait l’homme.
Le rejeton muet du cadavre, herbe ou ver,
Prêcurseur d’un néant que chaque heure consomme,
Non sans avoir vécu, non sans avoir souffert,
Aboutit au débris perdu que nul ne nomme,
Ne craignez pas pour ceux que la mort a tués ;
Car si leurs éléments vivent perpétués
Dans les flancs agités de la terre, leur mère,
Cette succession d’êtres multipliés
Hâte par des ressorts chaque fois moins liés
La perte d’un état toujours plus éphémère.



Et la terre elle-même est sûre de périr.
Un jour les yeux humains regarderont tarir
La source des rayons solaires consumée,
Le pôle, envahissant le globe à pas géants,
Jettera son manteau de glace inanimée
Sur le mont, sur la plaine et sur les océans.
Je vois d’êtres éteints chaque zone semée.
La désolation sublime des déserts
Silencieusement glisse à travers les airs