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Page:Duquet - Pierre et Amélie, 1866.djvu/4

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PRÉFACE


Vous perdez votre temps à écrire ce livre, m’a dit un assez bon juge en littérature, il renferme certainement quelques beautés et vous n’êtes pas sans aucun mérite d’oser, le premier en Canada, faire entendre les sons d’une espèce de lyre bucolique ; mais comment pensez vous que notre public habitué à feuilleter les pages d’Alexandre Dumas, de George Sand, de Frédéric Soulié et de beaucoup d’autres romanciers contemporains, accueillera une pastorale ? On n’aime peu sous les lustres brillants des salons, à entendre causer l’habitant de la chaumière, et le riche ne se soucie guère des malheurs d’une pauvre famille.

Il avait peut-être raison, cet homme, mais j’ai vécu sous le chaume : les champs, les bois, les collines, les montagnes disent beaucoup plus à mon âme, que cet amas de maisons qu’on nomme ville ; et j’aime mieux dire le bonheur de la vie des champs, que tracer le tableau des intrigues de la société. On me pardonnera, sans doute, cette humeur bizarre, j’aime à rêver, c’est peut-être là le plus grand défaut de ma vingtième année.