Page:Durand de Mende - Rational, vol 1, traduction Barthelemy, 1854.djvu/186

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en hébreu Emmanuel, ce qu’on interprète : Dieu avec nous. Il est en effet avec nous par la présence de sa majesté, par la participation de la vérité, par le lien de la charité et par l’accomplissement de la vérité. On l’appelle de plus la voie, la vérité et la vie. La voie, par l’exemple ou le précepte.

VIII. La vérité, dans la promesse. La vie, dans la récompense. Et Sabaoth, c’est-à-dire le Dieu des armées. Adonay, qui signifie Seigneur (Domine). Athanatos, Immortel. Kurios, Maître (Sire). Theos, Dieu. Hanagatos, le meilleur des pères, qui a soin de tout, ou qui est parfait. Omousios[1], d’une seule essence. Voilà les noms de Dieu, et non pas seulement de la personne du Christ. De plus, le Christ, selon Isaïe, est appelé l’Admirable, le Conseiller, le Dieu fort, le Père du siècle futur, le Prince de la paix. Il est Admirable dans son incarnation[2]. Conseiller dans la pensée entière des choses. Dieu dans leur création. Fort dans leur gouvernement. Père du siècle à venir, à cause de la récompense qu’il donnera à chacun selon ses mérites. On l’appelle Prince de la paix, ou parce qu’il a été le médiateur de Dieu et des hommes, ou encore des hommes et des anges, ou bien parce qu’il leur donne cette paix qui surpasse le sens hu-

  1. Boileau, dans sa XIIe satire (sur l’Equivoque), parlant de l’hérésie arienne, dit : [L’Eglise…]

    « Sentit chez soi trembler la vérité chrétienne,
    Lors qu’attaquant le Verbe et sa divinité,
    D’une syllabe impie un saint mot augmenté
    Remplit tous les esprits d’aigreurs si meurtrières,
    Et fit de sang chrétien couler tant de rivières. »

    Il s’agissait du mot omousios, d’une seule essence, auquel les Ariens substituaient le mot omoiusios. d’une essence semblable.

  2. Après avoir énuméré tous les titres les plus glorieux de la sainte Trinité, dans la personne du Père, du Fils et du Saint-Esprit, saint Ambroise et saint Augustin, les deux improvisateurs inspirés du Te Deum, s’écrient : « Tu (Filius Dei), ad liberandum suscepturus hominem, non horruisti virginis uterum. — Toi (le fils de Dieu), qui venais pour relever et délivrer l’homme, tu n'as pas eu horreur du sein d’une vierge » (et quelle vierge, Marie !). Il faut dire avec amour et répéter avec dévotion cette magnifique strophe, en la considérant comme le texte du commentaire, sublime dans sa brièveté même, de l’évêque de Mende : Admirabilis in incarnatione (le Christ est admirable dans son incarnation).