Page:Durand de Mende - Rational, vol 1, traduction Barthelemy, 1854.djvu/207

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et ses concupiscences. » Et l’Epître aux Romains : « Si nous sommes greffés sur le Christ par la ressemblance de sa mort, nous y serons aussi entés par la ressemblance de sa résurrection. » La couleur noire de l’habit virginal, c’est encore le mépris virilis amplexus.

XLIII. Ensuite, revêtues des vêtements bénits, elles viennent devant l’évêque, comme si elles lui disaient par cette action même : « Nous avons méprisé le royaume du monde et toute la pompe du siècle pour l’amour de N. S. J.-C., etc. »

XLIV. Et puis, selon la règle du pape Sother, on place sur leurs têtes, avec le signe de la croix, le voile qui leur pend sur les épaules et sur la poitrine : Premièrement, pour signifier qu’elles doivent, à cause du Christ, mépriser humblement le monde dans leur cœur et par leurs œuvres, voiler leurs sens et se fortifier par le souvenir de la passion du Christ, pour ne pas se laisser aller aux choses du siècle par l’impureté, et afin qu’elles ne pénètrent pas leurs sens, selon cette parole de l’Apôtre : « Le monde est crucifié pour moi, et moi je le suis pour le monde. » Secondement, on voile les vierges parce qu’elles ne sont pas l’image de Dieu[1]. Troisièmement, pour montrer leur soumission. Quatrièmement, afin qu’elles ne se laissent pas voir sans permission à tous les hommes. Cinquiè-

  1. Quia non sunt imago Dei. — Durand, en cette occasion, est l’échô des Conciles et de son siècle ; il a entendu à la rigueur le verset de la Genèse : « Faisons l’homme à notre image ; faciamus hominem ad imaginem nostram. » Mais Durand n’aurait pas dû oublier, ce nous semble, qu’immédiatement la Genèse dit ; « Dieu créa l’homme à son image… mâle et femelle ; creavit Deus hominem ad imaginem suam… masculum et feminam. » La naissance de la femme, tirée du côté de l’homme, n’est en quelque sorte que le dédoublement d’Adam, ou plutôt de cet être double créé du limon de la terre, homo ex humo, et qui contenait et renfermait les deux sexes, les deux classes d’habitants raisonnables et créés à l’image de Dieu pour gouverner la terre. Ainsi, il ne faut regarder que comme une acception trop rigoureuse du mot homme ce que l’on pourrait croire une injure faite à la femme, en disant qu’elle n’a pas participé à la dignité de l’homme ; ce qui est tout-à-fait contraire à l’enseignement de l’Église, et surtout à celui des premiers apôtres, et de saint Pierre et de saint Paul en particulier. La femme est l’os des os et la chair de la chair de l’homme ; elle est donc comme lui l’image de Dieu.