Page:Durand de Mende - Rational, vol 1, traduction Barthelemy, 1854.djvu/206

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

XLII. C’est avec raison que les vierges déposent leurs anciens vêtements et se revêtent de nouvelles robes bénies, pour marquer que, dans cette disposition où elles sont, elles dépouillent le vieil homme et revêtent le nouveau, « qui, comme on le lit dans l’Épître aux Éphésiens, a été créé dans la justice et dans la sainteté de la vérité. » Ces robes doivent être propres et blancbes, pour signifier que, comme elles sont fiancées au Fils de Dieu, elles doivent à l’avenir se préserver de toute tache et se conserver pures et saintes, selon cette parole de l’Apôtre : « Je vous ai fiancés à un seul homme, pour vous présenter au Christ comme une vierge chaste. » Or, la blancheur ou la propreté de l’habit des vierges est le symbole de ce que nous venons de dire. C’est pourquoi l’Ecclésiaste dit : « Que tes vêtements soient blancs et purs (candida) en tout temps. » Et cela a été emprunté de la bienheureuse Cécile, qui resplendissait au dehors par son vêtement, et brillait au dedans par sa chasteté ; et aussi des anges, qui, lors de la résurrection du Christ, furent vus revêtus de robes blanches. Ou bien, si l’habit des vierges est noir, il signifie la mortification de la chair. Car, de même que le Christ, leur fiancé (sponsus)[1], est mort pour elles, elles doivent, elles aussi, à leur tour, mourir toutes ensemble pour lui ; ce qui a fait dire à l’Apôtre : « Ceux qui sont du Christ ont crucifié leur chair avec ses vices

  1. C’est à tort qu’on traduit ordinairement sponsus par époux ; ce mot, qui vient du verbe spondere, signifie promis, accordé, fiancé. Dans une charte qui date de 1212, on lit : Uxore sua desponsata (*), en parlant d’un homme qui fait une damnation ; le vrai sens de ces mots, devant lesquels ont hésité des hommes que leurs études auraient dû, ce semble, rendre plus familiers avec les synonymes latins, est que le susdit individu venait de fiancer (desponsata) la femme qui, par la célébration du mariage civil et religieux, allait devenir son épouse (uxore sua) ; où l’on voit que sponsus n’a jamais d’autre sens que celui de fiancé ; mulier c’est le nom de toute femme, virgo d’une vierge, conjux d’une personne à qui l’on est uni en vertu d’une union reconnue ou non par la société et l’Église ; conjux signifie une femme qui a des enfants ; enfin, fœmina n’est qu’un nom commun aux femelles de toutes les espèces d’animaux.
    (*) V. Bibliothèque de l’École des Chartes, 2e série, t. 3, p. 253.