Page:Durand de Mende - Rational, vol 1, traduction Barthelemy, 1854.djvu/115

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XIV. Or, on ne doit ensevelir dans le cimetière des chrétiens qu’un chrétien baptisé, et encore pas tout chrétien ; comme, par exemple, un homme tué par un maléfice, car le maléfice est un péché mortel ; ou en adultère, ou en vol, ou bien dans les jeux des païens, excepté pourtant le tournoi ; et l’on ne doit mettre dans le cimetière que les laïques d’une très-grande sainteté[1]. Et c’est pourquoi, là où l'on trouve un homme mort, on l’ensevelira à cause du doute où l’on est de la cause de sa mort. Et si quelqu’un meurt subitement en se livrant aux jeux en usage, comme à celui de la balle ou de la boule (ludo pilœ), il peut être enterré dans le cimetière, parce qu’il ne pensait à faire de mal à personne. Mais, parce qu’il était occupé aux divertissements de ce monde, quelques-uns disent qu’il doit être enseveli sans le chamt des psaumes et sans les autres cérémonies des morts. Si quelqu’un excite un autre à se disputer ou à se battre et vient à mourir impénitent, et sans demander le prêtre, il ne doit pas être mis dans le cimetière, comme disent quelques-uns, non plus que celui qui s’est donné la mort de sa propre main ; on en excepte le cas où il serait mort en repoussant la violence faite à son patrimoine ou à celui des siens, étant toutefois pénitent et repentant de ses fautes. Mais si un homme meurt subitement, non pour quelque cause manifeste, mais par le seul jugement de Dieu, il peut être enterré dans le cimetière ; car le juste, à quelque heure qu’il sorte de la vie, est sauvé, surtout si, au moment où le Seigneur l’a pris, il s’occupait de choses permises. Le cimetière et l’office des morts sont accordés sans obstacle au défenseur de la justice et au guerrier tués dans une guerre dont le motif était selon l’équité ; cependant, on ne porte pas dans l’église ceux qui ont été tués, de peur que leur sang ne souille le pavé du temple de Dieu. Mais si un homme, revenant d’une maison de prostitution ou de quelque lieu où il aura forniqué, est tué en chemin, ou, s’y arrêtant pour quelque cause, y meurt, il ne sera pas enterré dans le cimetière

  1. Note 19 page 374.