Page:Durand de Mende - Rational, vol 1, traduction Barthelemy, 1854.djvu/195

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vation de la propreté, parce que c’est par les cheveux que les ordures s’amassent sur la tête. L’altération, parce que les cheveux sont pour orner la tête ; la tonsure signifie donc la pureté d’une vie sans ornements, c’est-à-dire, au dehors, un habit ou extérieur qui ne soit pas recherché, selon [saint] Denys, dans sa Hiérarchie ecclésiastique. La rasure et la tonsure des cheveux, c’est aussi l’abandon de tous les biens temporels. Car les clercs doivent se contenter de la nourriture et de l’habillement, et posséder tout en commun. C’est pourquoi, selon l’Apôtre, « qu’ils n’entretiennent pas leur chevelure, » mais qu’ils rasent le dessus de leur tête en forme de cercle. Et la mise à nu de la partie élevée du chef (capitis), marque qu’il ne doit pas y avoir de mur entre nous et Dieu, afin que, la face du Seigneur nous étant révélée, nous contemplions librement sa gloire.

Nous rasons encore la tête des clercs, ne laissant de cheveux qu’au bas et en forme de couronne, parce que la tête représente l’ame, et les cheveux les pensées du siècle. De même donc que l’on purifie le haut de la tête en le dégarnissant des cheveux, ainsi notre ame, afin de pouvoir penser aux choses élevées, c’est-à-dire aux biens du ciel, doit être débarrassée auparavant des pensées du siècle. Mais on ne dégarnit pas la partie inférieure du chef, parce qu’il n’est pas défendu de penser quelquefois aux choses du monde, sans lesquelles on ne peut vivre ici-bas. A l’égard de la coupe des cheveux, il est à remarquer que les clercs doivent retrancher de leur ame toutes les pensées superflues.

XXVII. Or, les clercs doivent encore aller la tête tonsurée et les oreilles découvertes, de peur que les cheveux, en croissant, ne couvrent leurs oreilles, et ne les empêchent de voir clair en tombant sur leurs yeux ; car nous devons veiller à ce que les pensées du siècle ne viennent pas à boucher les oreilles et les yeux de notre ame, et ne nous entraînent pas à la recherche des biens de ce monde. C’est pourquoi nous coupons les che-