Page:Durand de Mende - Rational, vol 2, traduction Barthelemy, 1854.djvu/194

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l’union du peuple avec le Christ, d’où il s’ensuit qu’elle ne peut avoir lieu que par la grâce du Christ, dont le pontife et l’évêque sont la figure. On mêle le vin et l’eau dans le calice[1], en vertu d’un décret du pape Alexandre Ier.

XIX. Premièrement, pour marquer que jamais un peuple n’a pu être sauvé sans l’effusion du sang, et aussi que l’effusion du sang a toujours sauvé un peuple. En effet, le Christ s’est réconcilié avec son peuple en mourant. Car il est écrit que les grandes eaux représentent les peuples nombreux. Le Christ a répandu son sang pour son peuple, comme il le témoigne lui-même : « Ceci est mon sang, le sang du Nouveau-Testament, qui sera répandu pour beaucoup en rémission des péchés. » Deuxièmement, pour marquer que du côté du Christ il sortit à la fois du sang et de l’eau. Car le Christ n’est jamais séparé du peuple, et le peuple du Christ. Et lorsqu’on mêle l’eau avec le vin, alors le peuple s’unit au Christ (De consec., dist. ii, Cum omne, prope finem). La loi de Moïse figura aussi d’avance ce mystère, comme l’Apôtre l’explique en disant : « Ils buvaient de l’eau de la pierre spirituelle qui les suivait ; cette pierre, c’était le Christ » (De consec., dist. ii, Revera). Le prêtre verse l’eau dans le calice afin que, de même que l’eau est unie au vin, ainsi le peuple soit toujours uni au Christ. Troisièmement, ce mélange a lieu pour faire comprendre que la divinité et l’humanité sont unies en une seule personne (De consec.,

  1. C’est pour imiter Jésus-Christ, qui, dans la dernière pâque qu’il fit avec ses apôtres, consacra la coupe pascale, dans laquelle, selon le rit des Juifs, il y avait du vin et de l’eau. En effet, S. Justin (Apolog., 2) ; S. Irénée (De heres., lib. 4, cap. 57) ; S. Cyprien (epist. 63) ; les Pères du troisième Concile de Carthage (canon 4), et ceux du Concile in Trullo (canon 32), nous apprennent que, selon la tradition, le vin que Jésus-Christ consacra était mêlé d’eau.
    Outre cette raison naturelle et essentielle, les Pères ont cru qu’il fallait mettre de l’eau dans le calice pour deux raisons mystiques, rapportées par Durand. La première, pour figurer le peuple uni à Jésus-Christ ; et la seconde, pour figurer l’eau qui coula du côté de Jésus sur la croix. Dans le rit Ambrosien, et selon un grand nombre d’anciens Missels, en mettant le vin et l’eau on dit : « Du côté du Christ sortit du sang et de l’eau, » De latere Christi exivit sanguis et aqua.