Page:Durand de Mende - Rational, vol 2, traduction Barthelemy, 1854.djvu/22

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XXIV. Mais il y en a qui commencent la messe du jour, la célébrant dans son ordre jusqu’à l’offrande ; ensuite, ils commencent une autre messe et la chantent jusqu’au même endroit, et ils font la même chose plusieurs fois s’ils le veulent ; et, après avoir commencé la messe des vivants, ils commencent parfois la messe des morts, la poursuivant jusqu’au même endroit[1], et ensuite, continuant de là, ils disent autant de secrètes[2] qu’ils ont commencé de messes, disant seulement une fois le canon et consacrant ; et à la fin ils disent autant d’oraisons qu’ils ont commencé d’offices de la messe. Mais nous réprouvons cela comme une chose détestable.

XXV. Cependant le prêtre peut parfois célébrer plusieurs messes dans un seul jour. Premièrement, à la fête de la naissance du Seigneur, comme on le dira dans la sixième partie, à l’article de cette fête. Secondement, lorsque la nécessité l’exige ; par exemple, si quelqu’un meurt. Cependant le Concile de Carthage dit « que si l’évêque ou une autre personne meurt après la troisième heure, sa commémoration doit être

  1. Pierre-le-Chantre, de Paris, écrivain du XIIe siècle, donne de cette bizarre coutume une explication curieuse ; c’est dans le chapitre 27 de son Verbum abbreviatum qu’elle se trouve. Ce docteur, parlant des prêtres qui célébraient de son temps des messes à double face par esprit d’intérêt, c’est-à-dire qui disaient une messe jusqu’au temps de l’offrande, et, voyant que personne ne venait rien apporter à l’endroit de l’offertoire, recommençaient une autre messe, et ainsi jusqu’à trois et quatre fois, et ne continuaient ensuite le sacrifice que lorsqu’ils avaient reçu des offrandes ; après, dis-je, avoir décrit cet abus en des termes énergiques, il dit : [Hi similes sunt cantantibus fabulas et gesta ; qui, videntes cantilenam de Landrico non placere auditoribus, statim incipiunt de Narcisso cantare : quod si nec placuerit, cantant de alio] ; « Ils sont semblables aux chanteurs de contes et de chansons de gestes, qui, voyant que la chanson de Landri ne plaît pas aux auditeurs, commencent aussitôt celle de Narcisse, et, si elle ne plaît pas, ils en chantent une autre. » Pierre-le-Chantre mourut vers 1197 ; il est curieux de voir, environ un siècle après (1284), se continuer une pratique dont le pieux théologien nous fait connaître la source et les abus.
  2. Secretelas. [Secretella, oratio quæ etiamnum Secreta appellatur, quam subsequitur Praefacio.] Les Statuts Mss. d’Augerius’, évêque de Conserie (en Irlande), anno [1280], expliquent ainsi ce mot : [Deinie respiciens librum, manibus ut prius ante humeros elevatis dicit Secretellas, et in fine ultimae Secretellœ dicens, Per omnia sæcula sæculorum…, Sursum corda, etc.] (V. du Cange, Secretella.)