Page:Durand de Mende - Rational, vol 3, traduction Barthelemy, 1854.djvu/112

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Fils de Dieu, car il est appelé Christ, à cause de l’adoption de l’humanité qui a été ointe avec l’huile spirituelle. C’est pourquoi, pour désigner l’état qui tient le milieu, nous disons Christe eleison. Quand donc nous disons trois fois Kriste eleison, c’est pour montrer que le Christ n’a jamais été séparé de la substance de la sainte Trinité, quoiqu’il se fût fait homme. Quand nous le disons une fois, c’est pour montrer qu’il a été seul parmi les hommes, et que personne ne lui a ressemblé en tout point. Le troisième état fut quand il voulut glorifier la nature humaine, qu’il avait adoptée, plus qu’elle ne l’était, dans sa condition mortelle, et parce que dans cette glorification la Trinité a été mise en vue. C’est pour cela que nous disons trois fois Kurie eleison, et une fois à cause de l’unité de substance. Nous avons parlé de l’efficacité de ces paroles dans la quatrième partie, au chapitre de Kyrie eleison. Et remarque que les trois états précités ne se disent que par rapport à nous et non par rapport à Dieu, chez qui il n’y a pas de changement, ni même l’ombre de l’instabilité. Après le Kyrie eleison suit l’oraison dominicale, qui renferme sept demandes, pour l’obtention des sept dons du Saint-Esprit, par lesquels nous méritons les sept vertus ; délivrés des sept vices par ces sept vertus, nous arriverons aux huit béatitudes.

X. On prononce l’oraison à voix basse et secrète : premièrement, pour que ces paroles symbolisent la dévotion de l’humilité et de la prière. Secondement, afin que, nous repliant pour ainsi dire vers les choses intérieures, nous saisissions avec soin par l’esprit les choses que nous prononçons de bouche. Troisièmement, parce que dans cette oraison nous nous adressons à Dieu, qui non-seulement scrute les paroles, mais encore sonde les reins et les cœurs. Quatrièmement, pour marquer que cette oraison a plus d’efficacité dans la dévotion du cœur que lorsqu’elle est prononcée par l’émission de la voix. Car, bien que Moïse ne poussât pas de cris vers le Seigneur, cependant le Seigneur, qui fait plus attention au cri