Page:Durand de Mende - Rational, vol 3, traduction Barthelemy, 1854.djvu/126

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d’où il a tiré pour nous les deux sacrements de notre salut, c’est-à-dire l’eau du baptême et le sang de notre rédemption ; que le voile du temple se déchira, et que les tombeaux s’ouvrirent. C’est à la même heure qu’il pénétra dans les enfers, brisa les ténèbres inextricables du Tartare, en mit les verrous en pièces, et transporta avec lui dans les cieux la captivité des saints, et, après avoir écarté le glaive flamboyant de l’ange, rétablit dans le paradis ses anciens habitants. C’est encore à cette même heure que les apôtres avaient coutume de se rassembler pour prier, et que Pierre et Jean montaient au temple pour la prière. Pierre aussi, à la même heure, monta au Cénacle pour prier, quand il fut ravi en extase et qu’il aperçut un linge plein de reptiles descendre du ciel à ses pieds et entendit cette voix : « Pierre, tue et mange. » C’est donc avec raison, à cause de ces prérogatives, que l’Eglise loue Dieu en disant le psaume Mirarabilia et le répons Redime me, Domine, priant pour sa rédemption, pour qu’elle ne paraisse pas oublier que ce fut à cette heure qu’elle fut rachetée.

II. Or, il faut considérer qu’à cette heure de none, déjà le soleil a décliné de son midi ; l’état du temps insinue donc l’état des vertus, car il insinue que la ferveur des vertus où l’esprit se trouvait auparavant s’est attiédie sous l’influence des tentations, car, comme le dit le bienheureux Grégoire, « les vices nous tentent, les vertus nous humilient. » En effet, quand l’homme parfait est tenté, quoiqu’à la hauteur d’une joie intime, il descend de cette hauteur pour considérer sa fragilité et pour voir combien il est exposé à faire une chute, comme il est évident, d’après l’Apôtre, qui disait : « De peur que la grandeur des révélations ne m’enorgueillisse. » Car saint Paul se réjouissait de la révélation, et éprouvait de la douleur de la tentation ; d’où il dit lui-même : « J’ai prié trois fois le Seigneur, etc. » Car, si la tentation ne lui eût pas été à charge, il n’aurait pas prié le Seigneur de l’en délivrer. Elle ne disparaît pas, cependant, parce que la vertu, à qui la joie est due,