Page:Durand de Mende - Rational, vol 3, traduction Barthelemy, 1854.djvu/168

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viennent à ce temps et au jeûne, comme on l’a dit dans la troisième partie, au chapitre de la Dalmatique. Dans ce temps, on ne dit pas non plus dans l’église l’office de la bienheureuse vierge Marie, parce que tout l’office de ce temps a trait aux louanges de la Vierge.

VII. Et remarque que le pape Urbain II, qui fut élevé sur la chaire de Pierre l’an 1078, et dont le pontificat dura douze ans et quatre mois, décréta, dans le Concile de Clermont, que l’office de la bienheureuse Vierge Marie serait dit chaque jour, et que le samedi on le célébrerait solennellement. C’est dans cet office du matin que l’on dit les leçons O beata Maria ! quis digne, qui sont tirées de ce sermon de saint Augustin : Loquimur, dilectissimi, etc. Dans ce temps aussi, on ne doit pas faire mémoire spéciale d’aucun des saints qui ont précédé l’avénement du Christ, non que tous ces saints soient descendus dans les limbes ; mais l’Église d’Occident ne célèbre point leur solennité, non plus que celle des saints qui ont précédé l’Avent du Seigneur, parce que, comme dans ce temps l’Église solennise l’avénement du Fils de Dieu, il ne doit pas s’y mêler d’autre solennité ; car le plus petit cède le pas au plus grand, et la puissance du magistrat cesse à l’arrivée du prince. C’est pourquoi, comme le Christ est la récompense et la couronne de tous les saints, qu’il est tout pour tous et qu’il suffit à chacun, il serait superflu d’avoir recours aux suffrages des autres et de les mendier (c. De pala. sacrœ. largi. scrineis., in princ. lib. xii). Cependant on fait avec raison mémoire de tous les saints en général, parce que, bien que les saints aient éprouvé de l’avénement du Fils de Dieu une joie particulière et qu’ils en aient reçu une récompense spéciale, cependant ils ont conçu une plus grande joie de la joie de tous, de la joie générale, parce qu’ils ont vu la créature raisonnable élevée d’une manière ineffable par son union avec la nature divine ; et, comme le bien commun l’emporte sur le bien particulier, et que, par conséquent, la joie générale des saints l’emporte sur la joie parti-