Page:Durand de Mende - Rational, vol 3, traduction Barthelemy, 1854.djvu/197

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I. Or, le jeûne est la satisfaction commune de tous les membres, c’est-à-dire est institué pour que les membres satisfassent suivant le péché qu’ils ont commis ou fait, de manière que, si c’est par la gourmandise que l’on a péché, on fasse jeûner la bouche, et cela suffit, parce que, comme la bouche seule a péché, seule aussi elle doit subir la peine ; il en est de même pour l’œil. C’est pourquoi Jérémie dit : « Mon œil a porté le ravage dans mon ame, et par les fenêtres de mes yeux la mort a pénétré dans mon ame ; » et saint Augustin : « Rien de plus pervers et de plus méchant que l’œil ; » et ainsi des autres membres.

II. Ou bien encore le jeûne est un retranchement et une abstinence de nourriture. Saint Augustin dit que le jeûne le plus grand et le plus parfait, c’est de s’abstenir de l’iniquité, des voluptés de la chair et des plaisirs du siècle ; d’où le pape Pie (De consec., d. v) : « Rien, dit-il, rien ne sert de prier et de jeûner, si l’ame ne s’éloigne de l’iniquité, et si la langue ne met un frein à ses médisances et à ses calomnies. »

III. Jeûne vient de jejuno, qui est un intestin de l’homme qui est toujours vide et fort mince ; ainsi, en jeûnant nous devons toujours être vides, c’est-à-dire exempts des superfluités tant du corps que de l’ame.

IV. L’autorité du jeûne dérive de trois choses : de la personne, du lieu et du temps. De la personne, parce que Dieu ordonna à Adam et Ève de s’abstenir du fruit de l’arbre de la science du bien et du mal. Du lieu, parce que c’est dans le paradis qu’il fut institué et qu’il commença (XXXVI, d. vi). Sous le rapport du temps, parce que dès l’antiquité, dès que l’homme fut créé, le jeûne lui fut enjoint, et au commencement du monde il lui fut dit : « Ne mange pas du fruit de l’arbre de la science du bien et du mal ; » parce qu’il fut observé avant la loi par Moïse ; sous la loi, par Elie, et dans le temps de la grâce par le Christ ; car Moïse ne mangea ni ne but pendant quarante jours ; Elie marcha courageusement pendant quarante jours