Page:Durand de Mende - Rational, vol 3, traduction Barthelemy, 1854.djvu/31

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clercs, en chantant les antiennes, ne se tournent pas vers l’autel, mais sont placés face à face, manière de chanter qui, dit-on, nous vient des Grecs.

XXXI. Ainsi, l’antienne est un chant inséré dans l’office divin pour nous récréer, car rien ne récrée mieux l’esprit que la charité. Or, le chant de l’antienne signifie le plaisir de l’esprit, d’après ces paroles du Psalmiste : « Chantez avec goût, car le plaisir a de la saveur quand il vient de Dieu. » — « Alors aussi les mains sont sous les ailes » (Ezech., i). Et on lit dans les Proverbes : « Heureux l’homme qui a trouvé la sagesse, et dont la prudence est consommée ; » parce que celui qui a la joie du cœur au sujet des biens éternels, est facilement consommé en prudence, c’est-à-dire en bonnes œuvres, par lesquelles il assure son avenir. Ou bien encore, d’après Moïse, l’antienne est la voix des anges conversant ensemble. Il y a six antiennes qui se disent avant les nocturnes aux jours fériés ; elles sont tirées des psaumes, et indiquent la perfection des bonnes œuvres ou les six œuvres de miséricorde, parce que le nombre six est parfait. Celles que l’on dit aux laudes à Benedictus, et à Magnificat aux vêpres, sont tirées des évangiles du jour auquel on les lit, excepté celles du jeudi, comme on le dira dans la sixième partie, au Jeudi de la seconde semaine de Carême.

XXXII. Dans certaines églises, à la fin de l’antienne on chante un neume ou chant de joie, parce que c’est le peuple bienheureux qui connaît les jubilations. Or, le neume est un chant d’allégresse, une joie ineffable ou une jouissance de l’ame à l’occasion des biens éternels ; c’est pourquoi on ne doit pas en chanter dans les jours de jeûne ou d’affliction, de même qu’on n’a pas coutume de jouer de la harpe dans les jours de deuil. Le neume se produit sur une seule et dernière lettre de l’antienne, pour marquer que la louange de Dieu est ineffable et incompréhensible ; car une joie ineffable est exprimée par pneuma (souffle, respiration ou aspiration), parce qu’en cet endroit