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Page:Durand de Mende - Rational, vol 5, traduction Barthelemy, 1854.djvu/128

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CHAPITRE XL.
DU VÉNÉRABLE BÈDE, PRÊTRE.


Le vénérable Bède, prêtre et moine, illustre commentateur, florit en Angleterre vers l’an du Seigneur 666.

I. Bien qu’il soit compris dans le Catalogue des saints, cependant l’Église ne l’appelle pas Saint, mais Vénérable, pour deux raisons. Premièrement, parce qu’étant aveugle, et à cause de son extrême vieillesse, il se faisait conduire par les campagnes et les bourgades et prêchait partout la parole de Dieu. Comme un jour il passait par une vallée couverte et semée de grandes pierres, un de ses guides lui dit par dérision qu’il y avait là un grand peuple rassemblé, qui attendait en silence et avidement. Alors Bède se mit à prêcher avec ardeur ; lorsqu’il eut conclu par : « Dans tous les siècles des siècles, » aussitôt toutes les pierres, dit-on, se mirent à s’écrier : « Amen, vénérable père ; » et c’est pour cela qu’il est appelé le Vénérable.

II. D’autres assurent que les anges répondirent : « Tu as bien parlé, vénérable père. » La seconde cause, c’est qu’après sa mort un certain clerc, qui avait beaucoup de dévotion pour lui, désirait faire un vers qu’il avait l’intention de faire graver sur son tombeau. Ce vers commençait ainsi : Hœc sunt in fossa, « Dans cette fosse reposent, » et il voulut le terminer par Bedœ sancti ossa, « les os de saint Bède. » Mais comme une pareille fin de vers ne s’accordait guère avec la prosodie, il se creusait l’esprit avec ardeur et ne trouvait pas une fin convenable. Une nuit, après y avoir beaucoup réfléchi, il se dirigea en toute hâte le matin vers le tombeau du saint,