Aller au contenu

Page:Durant - Études et souvenirs.djvu/8

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

touchante cérémonie. Le premier vicaire de Dieu se présente devant chacun d’eux et lave leurs pieds meurtris, donnant, par cet acte de servitude, un religieux exemple d’abnégation et d’humilité. Mais ce n’est pas tout encore ; bientôt les mêmes douze pélerins et leur même serviteur auguste ont traversé ces admirables galeries où Raphael, l’immortel artiste, prodigua les trésors de son génie inépuisable. Prêtres et pontife sont réunis dans une des salles hautes du Vatican où la même foule qui avait assisté au lavement des pieds, veut aussi être témoin de la Cène ; mais la salle de Clément VIII est moins vaste que la basilique, et un petit nombre de spectateurs plus empressés, plus diligents, plus adroits, peut seul pénétrer dans l’enceinte sacrée où l’agape sainte est préparée pour ces lévites figurant les apôtres. Le Pape, après avoir béni les aliments qu’ils vont prendre et qu’il leur présente lui-même, en continuant auprès d’eux son humble ministère, ajoute une faveur nouvelle à l’honneur qu’ils reçoivent. Il leur donne un témoignage de sa munificence et de sa charité en mettant à leur disposition non seulement toutes les provisions qui n’ont pas été consommées, tous les vases, toute l’argenterie qui ont servi à la Cène, mais encore une certaine somme pour les aider à terminer heureusement le saint pélerinage qu’ils ont entrepris.

Le Vendredi, même deuil, mêmes désolations partout l’Église pleurant son divin maître, est abîmée, anéantie dans ses douleurs, et selon l’expression du prophète « La joie est bannie du cœur de tous les concerts sont changés en lamentation » Dans les temples où se renouvellent les religieuses stations de la veille, même empressement de fidèles, même concours de curieux, et, le soir, quand la nuit va venir, quand les pâles lueurs du crépuscule s’étendent sur la cité silencieuse et morne, toute cette multitude disséminée dans les mille oratoires de la ville sainte accourt vers un point unique et pénètre dans Saint-Pierre, l’immense basilique dans laquelle une musique religieuse et savante va faire ses plus majestueux accents : l’hymne de toutes les douleurs est entonnée en l’honneur de la mère du Christ